Le lourd impact de la maltraitance dans l'enfance sur la santé mentale
Une étude de l'Université de Sydney (Australie) publiée dans JAMA Psychiatry a examiné la proportion de troubles mentaux attribuables de manière causale à la maltraitance dans l’enfance.
Les problèmes de santé mentale examinés par l'équipe de chercheurs étaient l’anxiété, la dépression, la consommation nocive d’alcool et de drogues, l’automutilation et les tentatives de suicide. L'étude a ensuite regardé la proportion de leur incidence associée à la maltraitance à l’enfance, auprès de 8 500 participants de l’Australian Child Maltreatment Study (2023) et de 15 893 participants de l’Australian National Study of Mental Health and Wellbeing (2020-2022) et de l’Australian Burden of Disease Study (2023).
La recherche australienne conclut que la maltraitance infantile est impliquée dans 21 % des cas de dépression, 35 % des cas d'automutilation et 41 % des tentatives de suicide, et ce indépendamment de facteurs génétiques ou environnementaux, comme le niveau socioéconomique ou la santé physique.
« Ces résultats sont dévastateurs et constituent un appel urgent à investir dans la prévention, le soutien individuel aux enfants et aux familles, mais aussi dans des politiques plus larges visant à réduire le stress vécu par les familles. Ces investissements contre la maltraitance des enfants pourraient permettre d'éviter des millions de cas de troubles mentaux », souligne le Dr Lucinda Grummitt, du Centre Matilda de l'Université de Sydney, auteure de l'étude. « Plus de 1,8 million de cas de troubles dépressifs, anxieux et liés à la toxicomanie, 66 143 années de vie perdues et 184 636 années de vie corrigées de l'incapacité pourraient être évités si la maltraitance infantile était éradiquée en Australie », selon les résultats de cette recherche.
Le Dr Lucinda Grummitt insiste sur l'urgence de prévenir la maltraitance des enfants afin de réduire la prévalence et le fardeau des troubles mentaux dans la population. « Il faut investir dans la prévention, le soutien aux enfants et aux familles, mais aussi dans des actions publiques efficaces : programmes d’éducation des parents, congés parentaux payés plus longs, services de garde d’enfants plus abordables financièrement, accès élargi aux professionnels de la santé et à la psychiatrie. Cela pourrait faire toute la différence pour les adultes que ces enfants victimes de maltraitance deviendront. », explique-t-elle.
Référence : JAMA Psychiatry 8 May, 2024 DOI: 10.1001/ jamapsychiatry.2024.0804 Burden of Mental Disorders and Suicide Attributable to Childhood Maltreatment