Emmanuel Macron, a annoncé, le 8 décembre, que les préservatifs vendus en pharmacie seraient gratuits pour les jeunes âgées de 18 à 25 ans dès janvier 2023. Une déclaration qui intervient dans le cadre d'une session du Conseil national de la refondation consacrée à la santé des jeunes.
La gratuité du préservatif en pharmacie sera étendue aux mineurs. Le président de la République a répondu, le 9 décembre, à une interpellation de l’animateur Christophe Dechavanne sur Twitter, 24 heures après son annonce en faveur des 18-25 ans. Depuis Alicante, sommet des pays du Sud de l'Union européenne (EU Med), Emmanuel Macron a précisé : « Hier, j’ai annoncé que les préservatifs à partir du premier janvier prochain seraient gratuits pour les 18-25 ans (…) J’ai été pris à partie par beaucoup d’entre vous, sur le fait que beaucoup de nos jeunes mineurs avaient des rapports sexuels et qu’il fallait qu’ils puissent se protéger et qu’ils pouvaient avoir les mêmes contraintes financières. Alors je dis banco, allons-y donc on va faire travailler les équipes pour étendre cette mesure aux mineurs ».
« C'est une petite révolution de prévention », a dit le président de la République lors d'une session du Conseil national de la refondation (CNR) consacrée à la santé des jeunes à Fontaine-le-Comte près de Poitiers (Vienne).
« C'était inattendu, mais c'est une très bonne nouvelle », commente sur France Inter, Florence Thune, directrice générale du Sidaction.
« Et pour cause, sur les 5000 personnes qui ont appris leur séropositivité en 2021, 15% sont des jeunes de moins de 25 ans. C’est un chiffre qui ne baisse pas, voire qui augmente depuis quelques années », explique-t-elle. La directrice générale du Sidaction exprime toutefois « un petit bémol » sur la tranche d'âge retenue pour cette gratuité des préservatifs. « Si aujourd’hui vous avez 17 ans, est-ce que vous pouvez aller gratuitement en pharmacie récupérer des pharmacies ? ».
Le coût de cette mesure n'a pas été chiffré à ce stade. Jusqu'à présent, deux marques de préservatifs masculins, "Eden" et "Sortez couverts!", étaient pris en charge à hauteur de 60% par l’Assurance Maladie sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. Mais ce dispositif est encore méconnu : seuls 21% des mineurs et 29% des 18-24 ans en ont connaissance, selon l'Elysée.
Le nombre d'infections sexuellement transmissibles (IST), notamment à Chlamydia et à gonocoque, est en recrudescence chez les jeunes, en particulier chez les hommes de 15 à 29 ans (+45% entre 2017 et 2019), d'après les données de la présidence. En 2021, le nombre de nouveaux diagnostics d'infection au VIH a par ailleurs stagné autour de 5.000.
D'ici 2030, l'objectif est de « zéro nouvelle infection » par le VIH ainsi que l'élimination des IST « en tant que problèmes majeurs de santé publique », d'après les objectifs fixés lors du précédent quinquennat d'Emmanuel Macron.
Au-delà de cette annonce, le président de la République souhaite également renforcer la vaccination des adolescents contre les infections à papillomavirus, responsables de plusieurs cancers. « C’est un énorme travail d'information. Il faut le faire rentrer à l’école, il faut nous démultiplier et on va faire cet investissement. Je n’exclus pas qu’on aille vers la vaccination obligatoire quand on aura les bonnes recommandations scientifiques», annonce Emmanuel Macron.
En France métropolitaine, la couverture vaccinale des adolescentes de 15 à 18 ans contre ces infections est estimée à 43,6 %, selon une étude de l’agence Santé Publique France publiée fin novembre. Elle est « loin de l’objectif de 60 % » du plan cancer 2014-2019, relève SPF. Le chiffre tombe en outre à moins de 10 % chez les jeunes garçons, précise le chef de l'État.
Concernant l’éducation sexuelle, « nous ne sommes pas bons sur ce sujet. La réalité est très très loin de la théorie. On doit reformer beaucoup mieux nos enseignants sur ce sujet, on doit resensibiliser », estime-t-il.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023, définitivement adopté le 3 décembre, prévoit par ailleurs la gratuité de la contraception d'urgence pour toutes les femmes, sans prescription médicale. Le texte prévoit également de rendre possible le dépistage de certaines infections sexuellement transmissibles sans ordonnance et gratuitement pour les moins de 26 ans.
En pratique, les jeunes femmes entre 12 et 25 ans peuvent accéder gratuitement aux consultations de médecin ou de sage-femme, examens ou actes médicaux en lien avec la contraception ainsi qu'aux différents types de contraception sur prescription en pharmacie sans avancer de frais (pilules hormonales de 1ère ou de 2e génération, implant contraceptif hormonal, stérilet, contraception d'urgence hormonale).3 millions de jeunes femmes sont concernées par cette mesure.
A noter, que tout au long du parcours d'accès à la contraception, les personnes mineures peuvent demander à bénéficier du secret. Elles n’ont pas à obtenir le consentement de leurs parents pour consulter et obtenir une contraception. Les jeunes hommes de moins de 26 ans peuvent aussi bénéficier gratuitement d’une première consultation pour parler de leur santé sexuelle, de la contraception et de la prévention des IST. Elle est réalisée uniquement par un médecin pour les jeunes hommes.