Pièce maîtresse du dispositif de prise en charge des mineurs victimes de violences, l'avenir de l'unité d'accueil pédiatrique pour enfants en danger (UAPED) est-il menacé ? La délégation aux droits des enfants à l'Assemblée nationale a recueilli les inquiétudes de l'association la Voix de l'enfant.

Les ambitions affichées sont grandes. Un montant de 7,4 M€ a été inscrit au dans la loi de finances 2024 pour le développement des UAPED. Le plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2023-2027, présenté en novembre dernier, fixe comme objectif de disposer d'une UAPED dans chaque tribunal judiciaire d'ici 2025. « Il est également prévu de renforcer leur coordination avec les centres régionaux de psychotrauma (au nombre de 15, ndlr) et prévoir un logiciel unique pour centraliser leurs données d'activités », rappelle Michèle Peyron, vice-présidente de la délégation aux droits des enfants, lors de l'audition du 14 février.

Barbara Tisseron, pédiatre-médecin légiste et responsable de l’UAPED (UMJ mineurs) du CHU d’Orléans défend l'intérêt de l’UAPED, lieu « adapté, protecteur, sécurisant pour l'enfant » qui en arrivant a « répété 7 fois sa parole en moyenne ». Les enfants sont adressés vers les UAPED dans 90 % des cas par la justice et 10 % hors justice, c’est-à-dire dans le cadre de sollicitations des familles ou des professionnels de la petite enfance inquiets. L’UAPED reçoit des enfants de 0 à 18 ans victimes de tous types de violences physiques, psychologiques, sexuelles, les enfants exposés aux violences conjugales, les négligences lourdes, les adolescentes en situation de prostitution. Barbara Tisseron souligne également l’importance du travail en équipe pluridisciplinaire (secrétaires, puéricultrices, assistantes socio-éducatives, psychologues, pédiatres, infirmière, assistante sociale…). « Pour un diagnostic de maltraitance, il est compliqué de donner un avis seul. Nous allons recevoir ces enfants à minima avec le pédiatre légiste », explique-t-elle. La pédiatre poursuit sur l'importance de mettre en place une permanence de gendarmes (deux, trois jours par semaine) spécifiquement formés au recueil de la parole de l'enfant, comme le protocole NICHD qui permet d'obtenir, avec un récit libre, des questions (toutes) ouvertes et non suggestives, « 30 % d'informations supplémentaires par rapport à des auditions standards ».

Lors de l'audition devant les députés, Martine Brousse, la présidente de la Voix de l’enfant liste les dysfonctionnements dans le processus de recueil de la parole des enfants victimes de violences. « Aujourd’hui, 80 % des auditions dans les UAPED sont faites par des gendarmes. Les policiers ne se dérangent pas et ils ne veulent pas se déranger. Ce n'est pas qu'ils ne peuvent pas », critique-t-elle.

« De plus en plus d'auditions se font au sein même des écoles. C'est scandaleux ! »

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