10 membres de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), sur la vingtaine qu'elle contient, ont annoncé le 14 décembre, leur démission.

Cet acte est un signe de protestation après l’éviction de ses deux co-présidents, Édouard Durand, l'ancien juge des enfants et Nathalie Mathieu, l’ancienne responsable associative. « Nous déplorons que les deux coprésidents n’aient pas été préalablement informés ni du maintien de la Ciivise ni de la nomination de Sébastien Boueilh, et donc de l’éviction d’Édouard Durand », écrivent -ils dans un communiqué. « Nous dénonçons ce silence en réponse à nos sollicitations » et « d’autant plus au regard de notre mission qui visait à "briser le silence"», poursuivent-ils.

« Nous sommes 10 membres de la Ciivise à démissionner. Les mensonges, les décisions incompréhensibles et le traitement de nos travaux, membres et co-présidents sont honteux et indignes. Les victimes méritent mieux que le silence auquel elles sont renvoyées. La Honte », s’emporte Angélique Mouly, présidente de la vie sociale de la Maison d’accueil Jean-Bru et membre démissionnaire de la CIIVISE. 


Parmi les membres démissionnaires figurent la psychiatre Muriel Salmona, Karen Sadlier, docteure en psychologie clinique, Arnaud Gallais et Laurent Boyet, tous deux fondateurs d’association de victimes, ou encore Éva Thomas, première Française a avoir témoigné publiquement de l’inceste dont elle a été victime.

Le gouvernement a désigné, le 11 décembre, Sébastien Boueilh, ex-rugbyman et président de l’association Colosse aux pieds d’argile - qui lutte contre les violences sexuelles dans le milieu sportif - pour reprendre la présidence de la Ciivise. Caroline Rey-Salmon, l’experte judiciaire, pédiatre et légiste est nommée vice-présidente (lire notre article). Les associations plaidaient en faveur du maintien d'Édouard Durand, apprécié notamment pour son indépendance et son franc-parler. Son aura médiatique et la mise en cause répétée des dysfonctionnements du traitement judiciaire des violences sexuelles agaçaient, selon des observateurs.