Les violences conjugales ne cessent d'augmenter en France : les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur font état de 271 000 victimes enregistrées en 2023 par les services de sécurité, soit une hausse de 10 % par rapport à l'année précédente.
Selon les données du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publiées le 6 novembre, les violences physiques représentent la forme de violence conjugale la plus répandue, touchant 64 % des victimes. Les violences psychologiques de la part du conjoint ou ex-conjoint, qui se manifestent sous diverses formes telles que le harcèlement moral (17 %), les menaces (12 %), les atteintes à la vie privée et les injures, touchent 31 % des victimes. Pour 2 % des victimes de harcèlement moral, les faits ont mené au suicide ou à une tentative de suicide.
Les violences conjugales touchent principalement les femmes françaises (85 %), avec un taux atteignant jusqu'à 97 % pour les violences sexuelles. La plupart des victimes enregistrées ont entre 20 et 45 ans (74 %), la tranche d’âge la plus concernée étant celle des 30- 34 ans qui concentre 17 % des victimes. Elles ont rarement moins de 20 ans ou plus de 60 ans (respectivement 6 % et 4 % des victimes). Les femmes étrangères sont surreprésentées parmi les victimes de violences conjugales, représentant 15 % des cas alors qu'elles ne constituent que 8 % de la population étrangère résidente en France.
En 2023, 217 000 personnes ont été mises en cause en 2023 pour violences conjugales, dont 68 % pour des violences physiques, 4 % pour des violences sexuelles et 28 % pour un autre type de violences conjugales. Les mis en cause sont le plus souvent des hommes (86 %) de nationalité française (83 %). « Seulement 13 % ont moins de 25 ans et environ la moitié a entre 30 et 45 ans », indique l'étude.
Une victime de violences conjugales sur sept seulement a déclaré cette atteinte aux services de sécurité
« Les victimes de violences conjugales enregistrées par les services de sécurité ne représentent qu’une partie des personnes ayant subi ce type de violence chaque année, ces faits pouvant n’être jamais signalés ou l’être plus tardivement. », rappelle le ministère de l'Intérieur. La part des victimes ayant porté plainte pour des faits antérieurs à leur année d’enregistrement est passée de 19 % en 2016 à 29 % en 2022, observe le SSMSI qui inscrit cette hausse dans le « contexte de libération de la parole et d'amélioration des conditions d'accueil des victimes ». Cependant, tous types de violences conjugales confondus, seules 14 % des victimes de violences conjugales ont déclaré l’atteinte subie à la police ou à la gendarmerie, révélant ainsi un important phénomène de sous-déclaration. Pour les seules femmes, cette part est globalement du même ordre de grandeur (16 %), mais elle est plus élevée lorsqu’il s’agit de violences physiques (26 %).
Tout comme en 2022, le Pas-de-Calais, la Réunion, le Nord, la Somme et la Seine-Saint-Denis se distinguent par les taux de victimes de violences conjugales les plus élevés pour 1 000 habitantes âgées de 15 à 64 ans.
Selon l’association Nous Toutes qui tient le décompte des féminicides, au 20 octobre 2024, 111 femmes ont été tuées par leur conjoint (ou ex-compagnon).