Xabi Molia, cinéaste et écrivain, et sa sœur Agnès, documentariste, ont suivi pendant un an les collégiens et enseignants de Starter, un dispositif grenoblois de raccrochage scolaire, unique en France. Le documentaire "Un bon début" est sorti en salles le 12 octobre.
Le film se déroule dans l’ordre chronologique d’une année scolaire pas comme les autres au sein d’un dispositif nommé Starter. Implanté depuis 2012 dans le lycée professionnel Guynemer, à Grenoble, ce dispositif public accueille des élèves de 14-15 ans, qui habitent dans l’agglomération et sont en rupture avec l'école. Ces élèves passent leur année de 3e sous la responsabilité d’un enseignant spécialisé, coordonnateur du dispositif, et de deux professeurs (français/anglais et mathématiques). Pendant cette année scolaire, les élèves effectuent dix semaines de stage dans le monde du travail, ce qui les aide à ébaucher un projet d’orientation professionnelle. Le dispositif articule donc étroitement les enseignements généraux et la découverte des métiers.
« C’est un dispositif public et expérimental, unique en France, qu’Antoine a mis en place il y a dix ans. Le temps d’une année scolaire, une classe de troisième accueille quinze filles et garçons dont plus personne ne sait quoi faire. Des élèves parfois virés de tous les collèges de l’agglomération. Des "irrécupérables" — c’est en tout cas comme ça qu’ils sont perçus », explique Agnès Molia.
« Pendant un an, ces adolescents vont vivre une scolarité à l’écart des autres collégiens, dans une classe à part, mais pour mieux apprendre à se reconnecter au monde. Ils préparent leur brevet, ils font des stages pour s’essayer à différents métiers, ils cherchent un chemin alors que ce qui les guette, c’est l’exclusion sociale. Autour d’eux, une équipe enseignante refuse cette fatalité », poursuit Xabi Molia
Un bon début montre aussi des parents qui semblent souvent dépassés par les événements. Quel rôle ont-ils à jouer pour redonner à leurs enfants l’envie d’aller à l’école ? « Dans le film, l’équipe pédagogique affiche une volonté très forte d’inclure la famille. Toutes les études le montrent : les parents ont un rôle très important à jouer. Le manque d’implication des proches est un facteur de décrochage surtout quand il s’ajoute à d’autres difficultés : parcours chaotiques, précarité, distance vis-à-vis de la norme scolaire et des apprentissages… Il y a une dizaine d’année, le dispositif de la "Mallette des parents" avait été expérimenté pour informer et impliquer ces derniers dans la vie scolaire. Elle montrait une certaine efficacité », explique Pierre-Yves Bernard est maître de conférences en sciences de l’éducation. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le décrochage scolaire.
Âgé de 45 ans, Antoine Gentil a suivi des études de géographie avant de devenir professeur des écoles en 2000. Il a été enseignant à la Maison d’arrêt de Grenoble-Varces puis s’est spécialisé dans la prise en charge de jeunes en situation de décrochage scolaire. Il a créé Starter il y a tout juste dix ans, en 2012. Également formateur (entre autres sur les questions de laïcité et de gestion des relations interculturelles), il a récemment cofondé une association, PARER, qui réunit des professionnels pour penser les alliances éducatives dans l’accompagnement des enfants et des adolescents vulnérables.
141 élèves accompagnés depuis 2012,
• 90,5% de présence (moyenne depuis 2012),
• 50 contrats d’apprentissage signés depuis 2012, • 41 orientations en bac professionnels,
• 93.3% des élèves sortants en formation professionnelle,
• 100% de réussite au CFG depuis 2012,
• 35% de réussite au DNB série professionnelle depuis 2012,
• Un réseau de plus de 400 professionnels partenaire