À partir d'une analyse détaillée de la dernière étude de la Drees sur les agréments des assistants familiaux, Thierry Herrant, chargé de mission à l'Ufnafaam (Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistants maternels) met en évidence les signaux annonciateurs de la crise profonde de la protection de l'enfance. Décryptage.
Près de la moitié des agréments autorisent les assistants familiaux à accueillir trois enfants.
Thierry Herrant. La pénurie de places en protection de l'enfance se dessine à travers les statistiques de cette étude de la Drees. Cette enquête nationale a été réalisée entre mai et juillet 2021, elle donne une base solide et fiable mais depuis la situation s'est dégradée. En 2021, 48 % des agréments en cours autorisent l’accueil de trois enfants. Je suis persuadé qu’en deux ans, ce taux a considérablement augmenté. Certains indicateurs ont bougé et malheureusement pas dans le bon sens. Depuis plusieurs mois, le Conseil national de la protection de l’enfance (CNPE) alerte sur l'aggravation de la crise de la protection de l'enfance, un effondrement particulièrement perceptible depuis deux ans. En 2022, 2023 et encore cette année, on note une explosion des placements d'enfants dans un contexte de pénurie de places. Le système de l'aide sociale à l'enfance (ASE) est en surtension. J’ai mené une cinquantaine d’entretiens téléphoniques d’assistantes familiales à travers toute la France, il est très commun qu'elles aient un agrément pour trois enfants, plus une dérogation pour l'accueil d'un quatrième enfant ou pour des relais. La raison est simple : on a d'un côté de plus en plus d'enfants confiés à l'ASE et de l'autre de moins en moins d'assistantes familiales.
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