Diffusé le 24 janvier sur LCP, le documentaire inédit et signé Paule Muxel intitulé « Ils m'ont jamais lâché » met un coup de projecteur - encore trop rare - sur les missions des éducateurs de prévention spécialisée auprès des jeunes. A voir ou revoir.
Le documentaire suit le travail quotidien des éducateurs de rue de la fondation Jeunesse Feu Vert qui arpentent les territoires des quartiers de Paris et de la Seine-Saint-Denis. Ces travailleurs sociaux sont souvent les seuls interlocuteurs disponibles pour des jeunes en rupture de ban ou risquant de l’être.
La prévention spécialisée est rattachée aux missions de protection de l’enfance. Selon le Comité national de liaison des acteurs de la prévention spécialisée (CNLAPS), réseau national de la profession, on compte moins de 4 000 éducateurs de rue en France aujourd’hui, au sein de 300 associations.
Dans le documentaire comme dans le débat animé par Jean-Pierre Gratien, présentateur de Débat Doc sur LCP, l'importance de la connaissance du territoire, du quartier, dans le travail de la prévention spécialisée est mise en évidence.
« Nous, on peut aller aux interstices, aux endroits où il n'y a plus grand monde », témoigne un éducateur de rue dans le documentaire.
« La prévention spécialisée est une politique publique pensée pour compléter les autres politiques publiques en faveur de l'enfance. Elle a pour rôle d'aller combler les manques. J'ai souvent l'habitude de dire que c'est une politique publique interstitielle. Notre travail consiste à aller là où les autres services publics ne vont plus, là où les associations ne peuvent plus aller, parce qu'il y a besoin d'une connaissance fine du territoire, une connaissance fine des habitants du territoire », analyse Gabriel Di Gregorio, directeur de l'association de prévention spécialisée Jeep (Jeunes équipes d'éducation populaire) à Strasbourg (Alsace). « Et cette connaissance fine se construit sur le temps long, c'est l'une des caractéristiques de la prévention spécialisée. Cette dimension du temps long est probablement l'un des éléments les plus cruciaux du travail que nous menons sur les territoires », ajoute-t-il.
L'association de prévention spécialisée de l'Hérault (APS 34) a choisi de ne pas avoir de local implanté sur le quartier. « Il y a une forme d'obligation des éducateurs d'être dans la rue et de passer du temps dans la rue. On est chez les gens. On arrive sur le territoire de ces habitants-là. On a besoin d'être invité. À l'usure, à l'usage, quand on est implanté depuis 20 ou 30 ans, on est des invités permanents », explique Olivier Bonnaud, directeur adjoint de l'APS34 et membre du bureau national du CNLAPS (Comité national de liaison des acteurs de la prévention spécialisée).
Pour rappel, 17 départements ne disposent pas de services de prévention spécialisée.