"Quelle place accorder aux parents ? Comment les associer ? Quel travail effectuer avec eux alors même que l’accueil peut être la conséquence de leur manque de protection ou de leur réponse inadaptée aux besoins de l'enfant ? S’agit-il alors d’un travail avec les familles ou "sur" les familles ?"
La CNAPE, Convention nationale des associations de protection de l'enfant, se penche sur le travail effectué avec les familles dans le cadre d’une mesure d’accueil en protection de l’enfance. Dans un rapport de 26 pages publié le 3 juin, la fédération revient sur la place accordée à la famille dans le dispositif de protection de l'enfance au fil des textes de loi. La CNAPE établit ensuite un état des lieux des pratiques en la matière et identifie les freins à la mise en place d’un "réel travail" des professionnels avec les parents.
"De manière générale, les professionnels ont encore souvent une vision dysfonctionnante des familles en protection de l’enfance et ne recherchent pas leurs compétences ou leurs ressources. Certains ont pleinement intégré l’importance et l’intérêt du travail avec les familles en s’appuyant sur leurs compétences et sur leurs ressources. Néanmoins, d’autres demeurent dans une posture défensive : le travail avec les parents est certes inscrit dans les textes et prôné mais il conviendrait, selon eux, d’être réaliste", analyse la fédération.
Pour faire évoluer les pratiques et les représentations, la CNAPE formule une série de recommandations. Elle propose notamment d'inscrire la participation des familles dans le projet d’établissement ou de service. "Elle ne doit pas être une option mais faire partie des objectifs fixés et du contenu des actions réalisées".
Les actions de soutien ou de renforcement de la fonction parentale sont très inégales selon les territoires
Concernant le soutien à la parentalité, la CNAPE déplore que cette mission reste le "parent pauvre" du placement de l'enfant faute d'un financement des associations gestionnaires des établissements et services de la part des départements. "Dès lors, les actions de soutien ou de renforcement de la fonction parentale sont très inégales selon les territoires. Dans certains départements, ce volet du travail avec les parents dans le cadre du placement n’est plus exercé. Or, un retour de l’enfant au domicile parental pourra difficilement être envisageable sans un travail préalable avec ses parents", indique le rapport.
La fédération propose également d'aborder davantage la question de la participation des parents, de leur place et de leurs ressources dans la formation initiale des éducateurs spécialisés et assistants sociaux.
Enfin, la CNAPE recommande aussi de faire du projet pour l’enfant (PPE) une réalité, dans une démarche participative associant les familles, pour tout enfant accompagné par l’aide sociale à l’enfance. "Le projet pour l’enfant ne pourra remplir le rôle d’outil de travail avec les familles dans l’intérêt de l’enfant, ainsi que l’a décidé le législateur, sans une application pleine et entière des textes et de leur esprit. Il importe qu’une impulsion politique durable et déterminée soit donnée par l’exécutif départemental afin de lui reconnaître toute sa raison d’être et de lui accorder le soutien nécessaire. En outre, les cadres du département et des associations doivent relayer cette volonté politique, sans quoi le PPE restera un outil optionnel, multiforme et donc disparate, qui manquera à l’objectif qui lui est légalement assigné d’être au service du développement, du bien-être et de la protection des enfants", analyse le rapport.