Dans une synthèse publiée le 8 mars 2022, les chercheurs du Céreq et de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) se penchent sur l'existence de "l'effet quartier" en comparant la trajectoire des jeunes bacheliers de quartiers prioritaires de la ville (QPV) à celles de jeunes urbains résidant hors QPV.
Les jeunes des quartiers prioritaires de la ville (QPV) font face à des difficultés spécifiques pour décrocher le bac et poursuivre des études supérieures. Au-delà des effets liés à leurs appartenances sociales, une étude analyse "l'effet quartier" sur leur parcours post-bac et leur insertion professionnelle.
Mais au-delà des effets liés à leurs appartenances sociales, le fait de résider en quartier prioritaire a-t-il un impact propre sur leur parcours post-bac et leur insertion professionnelle ?
Les auteurs de l'étude mettent en évidence six constats pour ces jeunes :
- une obtention du baccalauréat plus faible pour les lycéens résidant en QPV que pour leurs «voisins»
- une poursuite d’études globalement plus faible dans les QPV (38% contre 59%), mais, en raisonnant par filière, plus importante chez les bacheliers professionnels
- une orientation vers des filières moins sélectives comme l’Université
- des sorties de l’enseignement supérieur sans diplôme plus fréquentes (34% contre 20%)
- le fait de résider en QPV au moment du bac réduit significativement les chances d’atteindre un niveau de diplôme supérieur à bac +2 (25% contre 47%). 35% ces derniers sont plus nombreux à déclarer avoir arrêté par contrainte, notamment financière
- 63 % des jeunes qui résidaient en QPV au moment du bac occupent, trois ans après leur sortie de formation initiale, un emploi, contre 78 % des bacheliers qui résidaient dans un autre quartier des unités urbaines englobantes.
- des trajectoires professionnelles moins linéaires et des emplois moins qualifiés : « Trois ans après leur sortie de formation initiale, 53% sont ainsi cadres ou professions intermédiaires, contre 63% des jeunes urbains résidant hors QPV. À l’inverse, ils sont plus souvent employés ou ouvriers (45% contre 35%) », précise l'étude.
Les chercheurs de l'ANCT concluent, « à caractéristiques individuelles des jeunes égales, notamment à diplôme égal, l’effet attribuable au lieu de résidence en QPV au moment du bac s’avère d’ampleur relativement limitée sur les conditions d’accès à l’emploi. C’est surtout le niveau de diplôme atteint qui pèse sur l’insertion professionnelle. Or, ce dernier est lui-même le produit du parcours d’études qu’il couronne, parcours fortement conditionné à ses différentes étapes par le fait de résider, au moment du bac, en QPV. »
Note ANCT - Que deviennent les jeunes des quartiers prioritaires de la ville après le bac ?, Thomas Couppié, Mélanie Vignale, Ouvrages en co-édition, 2022, 4 p.