Quand la consultation des Français sur la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants agace…
Lancée le 5 octobre et jusqu'au 4 novembre, la consultation citoyenne numérique via Agora sur les violences sexuelles faites aux enfants fait grincer des dents certains acteurs du secteur de la protection de l'enfance. Petit aperçu de l'Agoraphobie sur X (ex-Twitter).
« Pour mieux protéger les enfants face aux violences sexuelles, quelles actions vous semblent les plus efficaces et prioritaires ? ». Non, il ne s'agit pas là d'une question adressée, à l'occasion d'une conférence de presse, à la secrétaire d'État chargée de l'Enfance. C'est le gouvernement qui interroge ainsi les Français sur les violences faites aux enfants, dans le cadre d'une consultation via Agora, la nouvelle application de consultations citoyennes. Lancée le 5 octobre et jusqu'au 4 novembre, cette consultation numérique compte 15 questions dont certaines sous forme de QCM. Sur Agora, les internautes peuvent aussi directement interpeller le gouvernement, en lui posant des questions et en votant pour choisir celles qui seront directement posées au ministre concerné.
Autant dire que sur le réseau X (anciennement Twitter), cette agora électronique n’est pas du goût de certains acteurs de la protection de l’enfance et de nombreux anonymes. L'idée de cette consultation numérique reçoit une salve de critique.
« Non mais c'est une blague ? Au moment où la Ciivise va rendre son rapport [le 23 novembre, ndlr], votre seule initiative est de lancer une consultation ? Vous êtes sérieux ? Par ailleurs, vous pouvez aussi écouter les associations qui alertent dans le vide jusqu'alors », fulmine Pascal Cussigh, avocat pénaliste et président de l'association CDP-Enfance (Comprendre Défendre Protéger l'Enfance) (lire son interview).
Lyes Louffok ne mâche pas ses mots. Le militant des droits de l'enfant envoie à Oliver Véran, le porte-parole du gouvernement un : « Vous nous fatiguez avec vos conneries et vous nous faites perdre du temps. Les solutions sont connues depuis longtemps. Il est temps d'agir ! ». Et un autre message tout aussi cinglant « Au lieu d'appliquer les recommandations de la Haute Autorité de santé et du Conseil national de la protection de l'enfance, le gouvernement vous propose de répondre à 13 questions sur une application pour élaborer son plan de lutte contre les violences faites aux enfants ». Le jeune homme, ancien membre du Conseil national de la protection de l'enfance (CNPE), poursuit ironiquement « J'ai passé 6 ans au CNPE à conseiller bénévolement différents gouvernements et là on nous sort une application ? Comment je garde mon calme sérieux ? »
« Franchement c’est une blague. Nous avons tous les rapports IGAS, Défenseur des droits, Unicef, Départements, élus, associations. Désormais: il faut un plan global et des actions. J’ai souvent dit "Le temps de l’enfant n’est pas celui de l’adulte" . Il est temps », réagit Isabelle Santiago, députée socialiste du Val-de-Marne, vice-présidente de la délégation droits des enfants de l'Assemblée nationale
« Les avis recueillis contribueront à nourrir la stratégie gouvernementale de lutte contre les violences commises sur les enfants, dont les mesures seront dévoilées par la Première ministre à l'occasion du comité interministériel à l'enfance cet automne », peut-on lire sur Agora. Ce rendez-vous à Matignon aura lieu, comme l'an passé, le 20 novembre, date de la journée internationale des droits de l'enfant. Pour rappel, Charlotte Caubel doit lancer le prochain plan contre les violences faites aux enfants pour 2024-2027.