Florilège de réactions d'acteurs du secteur suite aux annonces de la ministre la ministre des Solidarités et des Familles sur son plan d’actions pour la protection de l'enfance.
FEHAP : « La nécessité de garantir des moyens financiers et humains adaptés »
Dans un communiqué du 8 avril, la FEHAP se réjouit que la ministre Catherine Vautrin reconnaisse l'échec des politiques actuelles de protection de l'enfance et souligne l'impératif d'une « réforme ambitieuse ». La fédération accueille favorablement les constats établis, en particulier concernant la revalorisation du métier d'assistant familial et les difficultés budgétaires actuelles. Elle fait, toutefois, part de ses « préoccupations » quant au financement insuffisant de cette réforme. « Dans un contexte de pénurie de professionnels et de tensions sur les ressources humaines, la mise en œuvre des actions proposées pourrait être entravée. Elle insiste sur la nécessité de garantir des moyens financiers et humains adaptés pour réussir cette réforme de manière concrète et durable ». La FEHAP appelle aussi de ses voeux une gouvernance « claire et indépendante », qui associe tous les acteurs concernés, y compris le monde associatif. « Un comité consultatif, comprenant des acteurs comme les associations et fédérations, permettrait de mieux prendre en compte les réalités de terrain », estime la fédération.
Claude Roméo, directeur départemental honoraire Enfance et Famille de la Seine-Saint-Denis, ancien conseiller technique auprès des ministres de l’Enfance.
« Quand on regarde de près les annonces, on ne note aucune proposition sur les recrutements, rien sur les conditions de travail sinon qu’une vague annonce d’un prochain décret prévu en 2022, rien sur les salaires… Rien sur la formation pour les 30 000 postes vacants. En fait, Madame Vautrin tente une nouvelle opération de saupoudrage pour tenter de limiter l’impact des révélations de la Commission d’enquête parlementaire sur les manquements de la protection de l’enfance 24 heures plus tard ! Aucun professionnel ne sera dupe de cette opération poudre aux yeux. »
Philippe de la Morandière, président à la Sauvegarde de l'enfant à l'adulte en Ille-et-Vilaine.
« Silence assourdissant de la ministre quant à la compensation financière de l’État des dépenses supplémentaires des départements par la mise place du Ségur pour tous, décret signé à la fin de l’été par le gouvernement sortant. Ce décret s’applique notamment aux associations de Protection de l’enfance qui ont l’obligation de l’appliquer avec effet au 1er janvier 2024… Cela entraîne des surcoûts financiers énormes pour certaines d’entre elles… Certains départements en raison de leur situation financière difficile ne peuvent pas ou ne veulent pas compenser ces dépenses obligatoires auprès des associations qui elles ont appliqué le décret. Cette situation risque d’entraîner de très graves conséquences financières pour de nombreuses associations (cessation de paiement, etc.) Qui au final en paieront les conséquences ? Les enfants, les adolescents et jeunes adultes que nous accompagnons. C’est le cri d’alarme d’un président d’association à but non lucratif qui a des missions de protection de l’enfance et de lutte contre la précarité qui se sent bien démuni face aux défis actuels. Attention à ne pas détricoter et détruire un réseau associatif essentiel pour l’équilibre de la démocratie, le lien social et la solidarité. »
Thierry Herrant, chargé de mission à l'Ufnafaam (Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistants maternels).
« Et les assistants familiaux ne seront pas dupes non plus, même s'ils font l'objet du titre de Libé. On ne reconstitue pas "un vivier" de professionnels avec le cumul d'emploi (qui restera une solution marginale, mais qui a l'avantage pour la ministre d'être déjà dans les tuyaux parlementaires) et de droit au répit (qui est déjà inscrit dans la loi de 2022). Il va falloir faire beaucoup mieux en termes d'attractivité en agissant bien plus en profondeur sur le statut et l'amélioration des conditions de travail. La seule vraie information du papier, c'est qu'il n'y aura pas de moyens supplémentaires. On s'en doutait un peu. »
publié le 8 avril, mis à jour le 9 avril