Prestations sociales : les associations jugent les revalorisations au 1er avril insuffisantes
Le gouvernement annonce une augmentation annuelle de 1,6% des minimas sociaux et des prestations familiales au 1er avril 2023, mais le collectif Alerte juge « cette décision indécente ».
Comme tous les ans, les aides et allocations versées par les Caisses d'allocations familiales (CAF) sont revalorisées du fait de l'inflation. Cette revalorisation de 1,6 % des prestations familiales au 1er avril 2023 complète la revalorisation exceptionnelle de 4% intervenue par anticipation au 1er juillet 2022 tel que prévu par la loi « pouvoir d’achat ».
Les montants actualisés des prestations familiales (allocations familiales, prime à la naissance, complément de libre choix du mode de garde, complément familial, allocation d'éducation de l'enfant handicapé, etc.) sont détaillés dans une instruction interministérielle du 24 mars 2023.
Ainsi, les allocations familiales sont augmentées de 5,6 % par rapport au 1er avril 2022. Par ailleurs, les couples ayant deux enfants à charge pourront recevoir jusqu'à 141,99 € par mois d'allocations familiales, contre 139,83 € précédemment.
L'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) est portée à 142,70 €, contre 140,54 € auparavant. Et la prime à la naissance s'élève à 1019,40 €.
« Une loi en urgence »
Pour l’Union nationale des associations familiales (Unaf), cette revalorisation des prestations familiales ne prend pas en compte les effets aggravés de l’inflation sur les familles. « En effet, elle est calculée sur l’évolution moyenne annuelle de l’indice des prix à la consommation. Or, en raison du poids des dépenses alimentaires sur lesquelles les économies d’échelle jouent peu, l’inflation subie par les familles avec enfants est bien supérieure à l’inflation moyenne. Plus on a d’enfants, plus on est affecté par la forte inflation notamment sur l’alimentation (+13,4 % sur un an, début 2023, selon l’INSEE) », critique l’Unaf.
Le Collectif Alerte, qui regroupe 34 fédérations et associations nationales de solidarités, juge que « cette décision est indécente alors que les prix alimentaires et dans les grandes surfaces ont déjà progressé de 14 % en un an et devraient encore croître au cours de l’année ».
Les associations réclament « une loi en urgence » pour une revalorisation exceptionnelle des prestations sociales et familiales « d’au moins 5 % dans un contexte d’augmentation des prix de première nécessité ».
« Une mère sans ressources qui élève seule deux enfants perçoit 1 070 € / mois de RSA et de prestations familiales. Selon les budgets types de l’Unaf, ses dépenses ont augmenté de 171 € par mois. La revalorisation annoncée par le gouvernement est de 17 €, dix fois moins que la hausse du coût de la vie », cite à titre d'exemple le Collectif, dans son communiqué.
Alors que le Pacte des Solidarités doit être présenté dans les prochaines semaines par Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, le Collectif Alerte demande d'indexer les minimas sociaux sur les prix du budget de référence des ménages modestes, comme c’est le cas pour le Smic. Ainsi qu'un relèvement des minima sociaux au-dessus du seuil de grande pauvreté : 940 euros pour une personne seule.
Référence : Instruction ministérielle N° DSS/2B/2023/41 du 24 mars 2023 relative à la revalorisation au 1er avril 2023 des prestations familiales servies en métropole, en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à la Réunion, à Saint-Barthélemy, à Saint-Martin et dans le département de Mayotte.