Plus d'une femme sur quatre dans le monde a déjà subi des violences conjugales
Une étude internationale démontre que la violence à l’égard des femmes reste un problème de santé publique mondial.
Selon une recherche internationale publiée, le 17 février, dans la revue scientifique The Lancet, plus d’une femme sur quatre dans le monde a déjà été victime de violences conjugales (physiques et/ou sexuelles) au cours de leur vie.
Les chercheurs ont exploité les données de 300 études menées dans 161 pays différents entre 2000 et 2018. En tout, 2 millions de femmes âgées de 15 ans et plus, représentatives de 90 % de la population féminine mondiale, ont été sondées sur les comportements physiquement, sexuellement et psychologiquement préjudiciables que pouvait avoir leur conjoint à leur encontre.
Dans le monde, 27 %, soit environ une femme sur quatre âgée de 15 à 49 ans, ayant déjà eu un couple, a été victime de violence conjugale au moins une fois dans sa vie depuis l'âge de 15 an. Ainsi, en 2018, jusqu'à 492 millions de femmes âgées de 15 à 49 ans ont été victimes de violence conjugale, soit 13 % ou 1 femme sur 7 au cours des 12 derniers mois.
« Le nombre élevé de jeunes femmes victimes de violences est alarmant, car l'adolescence et le début de l'âge adulte sont des étapes importantes de la vie où se construisent les bases de relations saines», souligne la directrice de l’étude Lynnmarie Sardinha.
Les chercheurs ont constaté que les violences conjugales touchent les femmes de plus en plus jeunes. «La prévalence de la violence domestique était la plus élevée chez les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans», notent les scientifiques. « Le nombre élevé de jeunes femmes victimes de violences est alarmant, car l'adolescence et le début de l'âge adulte sont des étapes importantes de la vie où se construisent les bases de relations saines», souligne la directrice de l’étude Lynnmarie Sardinha. « La prévalence des violences contre des adolescences était plus élevée dans les pays au revenu bas et moyen inférieur, où le mariage précoce est plus répandu, où les filles ont moins accès à une éducation (…) et où les inégalités de genre sont susceptibles de prévaloir », commentent dans Le Monde Claudia Garcia-Moreno et Lynn Sardinha, chercheuses à l'OMS et autrices de l'article.
L’enquête démontre également que les violences domestiques sont plus importantes dans les pays pauvres : 49 % des femmes en Océanie et 44 % en Afrique centrale subsaharienne. En revanche, l'Europe de l'Ouest (20%), l'Asie centrale (18%) et l'Europe centrale (16%) présentent les taux les plus bas.
L'étude s'arrête en 2018 mais les auteurs insistent sur le fait que « la pandémie de Covid-19 a provoqué un recul sans précédent des efforts visant à réduire la violence à l'égard des femmes ». Pour rappel, l'Agenda 2030 des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, adopté par les pays membres en 2015, appelle à l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des filles. « Ces résultats confirment que la violence à l’égard des femmes reste un problème de santé publique mondial. Les gouvernements ne sont pas en mesure d’atteindre leurs objectifs d’éradication de ce phénomène d’ici 2030, comme ils l’envisageaient », souligne Claudia García-Moreno, médecin à l’OMS. Et d'appeler à « investir de toute urgence dans des interventions multisectorielles efficaces pour s’attaquer aux agressions domestiques ».