Initié en mars par une jeune influenceuse et monitrice de colonies de vacances, le mouvement #MeTooAnimation sur Instagram et Twitter a déjà reçu des centaines de témoignages de mineurs qui déclarent avoir été victimes d'agressions sexuelles en colonies de vacances ou centres aérés.
« Cela fait cinq ans que je suis dans le milieu de l'animation et que j'ai pu voir et entendre des comportements illégaux mais surtout inhumains de la part d'animateurs qui abusent de leur pouvoir sur des personnes mineures. Énormément de jeunes filles m'ont écrit pour témoigner de leurs agressions sexuelles, de leurs relations sexuelles aussi, consenties parfois, avec des animateurs dont elles pensaient être amoureuses et qui se rendent compte des années plus après qu'elles n'étaient pas consentantes et que c'était de l'abus. Je sais qu'il y a énormément de jeunes garçons qui ont été victimes ».
Début mars, Anissa, 21 ans, influenceuse et animatrice en colonies de vacances a réalisé une vidéo TikTok - visionnée depuis plus d'1,5 million de fois - dans laquelle elle dénonce les abus sexuels sur mineurs dans le milieu de l'animation. La jeune femme a ensuite lancé sur Instagram et Twitter le mouvement #MeTooAnimation qui a recueilli des centaines de témoignages de jeunes déclarant avoir été victimes d'agressions sexuelles lorsqu'ils étaient enfants ou adolescents en colonies de vacances ou centres de loisirs. La page instagram compte aujourd'hui près de 8400 followers et on peut y lire de nombreux témoignages anonymisés d'agressions sexuelles voire de viols commis sur des mineurs par des encadrants du milieu de l'animation.
Selon Anissa, le sujet des violences sexuelles est insuffisamment abordé lors de la formation au brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (Bafa), diplôme qui permet d'exercer la fonction d'animateur dans le cadre d'accueils collectifs de mineurs (colonie de vacances, centre de loisirs…).
Accessible dès 17 ans, l’obtention du BAFA se déroule en trois phases : une première session de formation générale de 8 jours, un stage pratique de validation de 14 jours dans une structure au choix et une session d’approfondissement de 6 jours. « On réalise un travail spécifique sur la relation affective et d'autorité vis-à-vis des mineurs pour que le futur animateur parvienne à bien se positionner », explique, à l'AFP, Laurent Bernardi, directeur national aux Ceméa, organismes de formation Bafa. Le sujet des violences sexuelles est « systématiquement abordé », assure-t-il. Cela peut toutefois être « assez rapide » de dire que toute relation sexuelle entre un mineur et un majeur ayant autorité sur lui est interdite par la loi, ajoute Laurent Bernardi.
« Quelles que soient les proximités d’âge, l’animateur ou l’éducateur est en responsabilité d’encadrement vis-à-vis des enfants et des jeunes. Il est interdit d’entretenir tout comportement ambigu, toute relation amoureuse ou sexuelle avec un mineur accueilli. Toute relation amoureuse et sexuelle (baisers, caresses, relation sexuelle) entre un majeur et un mineur de moins de 15 ans constitue un délit d’atteinte sexuelle réprimée par la loi. Lorsque l’adulte exerce une autorité de droit (un animateur, même mineur, ou un directeur de colonies de vacances par exemple) ou de fait, cette relation est interdite, même avec un mineur de plus de 15 ans », rappelle le guide à l’attention des animateurs et des éducateurs sportifs qui interviennent auprès des enfants et des jeunes, mis à jour en février 2022.
En janvier 2022, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a indiqué que 10% des 3 800 premiers témoignages qu'elle avait reçus concernaient des victimes de violences sexuelles au sein d'institutions (école, clubs de sport etc). Sur cet échantillon qualifié toutefois par la commission de « restreint et non représentatif », 20% des témoignages concernaient une colonie de vacances.