Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) met en évidence le déclin de la fécondité depuis soixante ans. Elle appelle les pouvoirs publics à agir en particulier sur le coût du logement.
« Les choix personnels d'avoir des enfants sont influencés par une série de facteurs, notamment les pressions économiques et sociales exercées sur les parents, ainsi que l'évolution des attitudes sociales, comme la déstigmatisation du fait de ne pas avoir d'enfants. Des approches politiques multidimensionnelles seront nécessaires pour aider les gens à prendre la décision d'avoir des enfants », poursuit le rapport publié le 26 juin. « De nombreux facteurs influencent les choix en matière de fécondité, notamment l’emploi des hommes et des femmes, le chômage, les aides financières aux familles (par exemple, le congé parental rémunéré et les aides à la garde d’enfants) et les coûts du logement », listent les experts.
En 2022, 725 997 bébés sont nés en France, ce qui correspond à un « indicateur conjoncturel de fécondité » (ICF) de 1.79 enfant par femme, supérieur à la moyenne de l'OCDE (1.51). Si le taux de fécondité ne cesse de baisser en France, le pays affiche toutefois le troisième ICF le plus élevé parmi les pays de l'OCDE.
En France, l'âge moyen des mères à l'accouchement est passé de 29.3 ans en 2000 à 31 ans en 2022, soit un peu plus que la moyenne de l'OCDE.
L'édition 2024 du Panorama de la société de l’OCDE montre que « la hausse des coûts du logement depuis le milieu des années 2010 ajoute à la difficulté de créer des relations durables et de fonder une famille, les vingtenaires et les trentenaires étant toujours plus nombreux à vivre chez leurs parents pour des raisons financières. L’accès à un logement abordable permettrait aux jeunes de fonder plus facilement une famille ».
L’enchaînement des crises mondiales (pandémie de Covid-19, enjeux climatiques, crise du coût de la vie) a accentué le sentiment d’insécurité chez les jeunes.
Les jeunes aujourd'hui ont plus de peine à acquérir leur indépendance financière et à trouver leur place sur les marchés du travail et du logement : 7 % des jeunes de 20-29 ans vivent chez leurs parents, tout ou partie de l'année.
L’enchaînement des crises mondiales (pandémie de Covid-19, enjeux climatiques, crise du coût de la vie) a accentué le sentiment d’insécurité chez les jeunes. Ils trouvent de plus en plus un sens à leur vie en dehors de la parentalité et il est de mieux en mieux accepté de ne pas avoir d’enfant.
« Alors que les pays de l’OCDE ont mis en place toute une série de mesures pour soutenir les familles, le coût économique et l’incertitude financière à long terme liés au fait d’avoir des enfants continuent d’influer considérablement sur la décision de devenir parent », déclare Stefano Scarpetta, directeur de la Direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE. « Il faut, pour faciliter les décisions dans ce domaine, garantir un soutien global et fiable aux familles. Cela tient notamment à des logements abordables, à des politiques familiales qui aident à concilier travail et vie de famille, et à la cohérence avec d’autres politiques publiques favorisant l’accès à des emplois de qualité et l’évolution professionnelle des femmes ».
« Les conditions matérielles (budget, conciliation vie familiale-vie professionnelle, logement) jouent un rôle important »
Selon un sondage de l’Union nationale des familles (Unaf), publié en janvier dernier, le nombre souhaité d’enfants est beaucoup plus élevé que la fécondité observée : 2,27 contre 1,7. De plus, 1 parent sur 5 a renoncé à avoir le nombre d’enfants qu’il aurait souhaité (18 %). Ces parents expliquent leur situation en raison de leur inquiétude quant à l’évolution du monde(30 %) et du coût financier d’élever un enfant de plus (28 %). 22 % évoquent la question de la fertilité. Enfin, 13 % des personnes sans enfant ont renoncé à avoir des enfants alors qu’ils en souhaitaient. « Les conditions matérielles (budget, conciliation vie familiale-vie professionnelle, logement) jouent un rôle important dans le décalage entre aspiration et réalisation, notamment en reportant l’arrivée des enfants », note l’Unaf.