À partir de septembre 2023, 80 millions d'euros seront consacrés à la revalorisation salariale des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH).
« Les crédits inscrits en loi de finances permettent de consacrer à partir de septembre 80 millions d'euros à la revalorisation des AESH, correspondant à 240 millions sur une année civile et permettant une hausse de leur rémunération de 10 % », précise le ministère de l'Education nationale, dans un communiqué.
Cette revalorisation se traduit par la revalorisation de leur grille indiciaire, la création d'une indemnité de fonction de 1 529 € brut par an, et la majoration de 10 % de la prime versée aux AESH référents qui apportent un appui méthodologique et un soutien spécifique aux AESH nouvellement nommés, qui sera portée à 660 euros bruts par an en 2023.
Par ailleurs, les AESH bénéficient des mesures générales annoncées pour les agents de la fonction publique : hausse du point d’indice de 1,5% à compter du 1er juillet 2023, prime exceptionnelle de pouvoir d’achat allant jusqu’à 800 € brut avant la fin de l’année 2023 et relèvement des grilles de 5 points d’indice à partir du 1er janvier 2024.
CDIsation des AESH
Le ministre indique également que des travaux sont engagés pour qu'à partir de la rentrée 2023, les AESH puissent faire le choix de passer en CDI dès trois ans d’expérience en CDD, contre six ans auparavant, conformément à la loi du 16 décembre 2022 visant à lutter contre la précarité des accompagnants d'élèves en situation de handicap et des assistants d'éducation. « Cela concerne plus de 25 500 AESH », selon le syndicat SUD éducation. Les AESH travaillent sur la base de 1 607 heures annuelles pour un temps complet, réparties entre 41 et 45 semaines. « Seulement 2 % d’entre eux disposant d’un emploi à temps complet – à raison de 1 607 heures annuelles, réparties entre 41 et 45 semaines », selon la mission d’évaluation de la loi "pour une école de la confiance", dite "loi Blanquer" (lire notre article). Pour les syndicats, seule la création d'un statut de la fonction publique permettrait de reconnaître la profession et d'assurer une certaine stabilité. « Une CDIsation des AESH au bout d’un CDD de 3 ans sera mise en place pour septembre 2023. Mais cela ne change rien ni à la précarité (un CDI n’est pas un statut), ni aux conditions salariales qui maintiendront toujours les AESH sous le seuil de pauvreté », critique SNUDI FO.
Lors de la Conférence nationale du handicap qui s'est tenue le 26 avril, Emmanuel Macron a annoncé que « les fonctions des AESH et des assistants d’éducation seront progressivement réformées et regroupées pour créer un métier d’accompagnant à la réussite éducative ». Objectif ? « Les AESH pourront accéder à un temps plein et seront plus facilement rattachés à un établissement ou à un groupe d’établissements. Ils pourront ainsi déployer des compétences nouvelles et assurer le suivi des enfants sur le temps scolaire et périscolaire ». Cette annonce inquiète les syndicats qui dénoncent « le flou quant aux contours de cette nouvelle fonction [d'accompagnant à la réussite éducative] et aux missions attribuées ».
A la rentrée scolaire 2023, 4000 équivalents temps plein (ETP) d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires seront créés. Le même nombre avait été créé à la rentrée 2022. L’effectif total des AESH sera alors de 85 502 équivalents temps plein.
Pour le syndicat FSU, ces annonces restent « en deçà des attentes exprimées à maintes reprises par les AESH lors des journées de mobilisation. (…) Elles ne régleront en rien la précarité salariale de ces agent·es – des femmes en majorité – qui subissent à la fois des temps incomplets imposés et des rémunérations au quasi minimum de la Fonction publique. Enfin, cet arbitrage a minima tourne le dos à la reconnaissance institutionnelle de l’engagement des AESH en faveur des élèves en situation de handicap et de l’importance de leur rôle pour l’École inclusive. »