À l’occasion du Sidaction qui se déroule du 25 au 27 mars, l’Ifop a publié une enquête réalisée auprès de jeunes âgés de 15 à 24 ans. Constat préoccupant : les idées reçues et les fausses informations liées au VIH/Sida continuent à prospérer pouvant engendrer des conduites à risque.
Oui, le VIH/Sida concerne les jeunes. Les personnes âgées de moins de 25 ans représentent 14 % des découvertes de séropositivité en 2019-2020, selon l’agence Santé publique France. Pourtant, selon une enquête Ifop* réalisée à l'occasion du Sidaction, 31% des jeunes interrogés estiment être mal informés sur le VIH/sida, soit une augmentation alarmante de 20 points par rapport à 2009.
« Le sentiment d’information chez les 15-24 ans a diminué depuis le début de pandémie et à ce jour, nous n’avons pas retrouvé le niveau de l’avant-covid. Comme si la pandémie avait occulté les connaissances sur le VIH/sida », s’inquiète Florence Thune, directrice générale de Sidaction.
Moins d’1 jeune sur 2 s’estime bien informé sur les lieux où aller se faire dépister pour le test du VIH/Sida. Un chiffre en chute libre depuis février 2019. « Malgré l’habitude du dépistage acquise avec la COVID, ce dernier ne semble pas être devenu un réflexe pour le VIH, alors qu’il constitue un outil indispensable de la prévention », déplore Florence Thune.
Parmi les jeunes interrogés, 27 % considèrent qu’il existe des médicaments pour guérir du Sida. « Le VIH s’éloigne des préoccupations des jeunes car il est invisibilisé et ce, depuis plusieurs années. 16% des personnes interrogées déclarent d’ailleurs ne pas aller chercher d’information sur le virus du sida, soit une hausse de 7 points en 2 ans » explique Frédéric Dabi, directeur général Opinion du Groupe Ifop.
Un quart des jeunes sondés affirment n’avoir jamais bénéficié d’un enseignement en santé sexuelle au cours de leur scolarité.
Les idées reçues sur le VIH/Sida sont encore bien ancrées : 34 % des jeunes pensent que le VIH peut être transmis en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive (+10 points en deux ans). De plus, 23% des 15-24 ans pensent que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive. Et 9 % des jeunes interrogés considèrent toujours que le virus du sida peut être transmis en serrant la main d’une personne séropositive (contre 5 % en 2015). Autre fausse croyance qui persiste : 17% des personnes sondées estiment qu’on peut contracter le VIH en entrant en contact avec la transpiration d’une personne séropositive ou en buvant dans son verre.
Le sondage met également en évidence une banalisation de la question du VIH/Sida. Ainsi, 37% des jeunes interrogés indiquent ne pas en avoir peur alors que leurs connaissances de l’épidémie semblent parfois faussées : 40% pensent que les contaminations baissent chez les jeunes et la moitié des sondés jugent que les personnes vivant avec le VIH ne subissent aucune discrimination.
Autre constat alarmant, la mauvaise information s'accompagne de conduites à risque : seules 34% des personnes interrogées déclarent avoir utilisé systématiquement un préservatif lors d’un rapport sexuel (-9 points par rapport à 2020). Ils sont 18% des jeunes à penser que la pilule contraceptive d’urgence ou un produit de toilette intime peut empêcher la transmission de virus et et 13% à estimer qu’un comprimé de paracétamol peut faire l’affaire.
D'après cette enquête Ifop, 1/4 des jeunes sondés affirment n’avoir jamais bénéficié d’un enseignement en santé sexuelle au cours de leur scolarité. Moins de la moitié d’entre eux ont pu en bénéficier une seule fois. Ces chiffres ne cessent de se détériorer depuis 2009. « Depuis 2001, la loi prévoit 3 séances annuelles d’éducation à la sexualité tout au long de la scolarité. Or, dans la pratique il n’en est rien et c'est toute la population qui en subit les conséquences », dénonce de manière régulière le Planning familial. Pour les responsables du Sidaction, il est urgent de reprendre les actions de prévention et de sensibilisation au VIH/Sida et à la santé sexuelle auprès des 15-24 ans.
*Enquête Ifop menée auprès d’un échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 à 24 ans.