Échanges entre Jeanne Belanyi, directrice de l'Observatoire des Outre-mer de la Fondation Jean Jaurès et Adeline Hazan, présidente d'UNICEF France, sur le rapport "Grandir dans les outre-mer. État des lieux des droits de l’enfant" publié en novembre dernier.

Ensemble, elles analysent les constats alarmants sur la situation des enfants dans ces territoires.

En novembre dernier, l'UNICEF France a tiré la sonnette d'alarme sur la situation des enfants dans les Outre-mer,« où la pauvreté est encore plus prégnante et plus généralisée que dans l’Hexagone. Selon son rapport, près de la moitié des enfants réunionnais (46 %) vivent sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre s'élève à 60 % en Guyane et atteint un taux alarmant de 80 % à Mayotte, contre 20 % en métropole.

Les cas de mal-logement sont particulièrement élevés avec près de 600 000 personnes concernées dans ces territoires.

« L'enfance se vit de de manière très différente en outre-mer ou dans l'Hexagone », commente Jeanne Belanyi, directrice de l'Observatoire des Outre-mer de la Fondation Jean Jaurès. « Un enfant qui naît dans les territoires d'outre-mer a malheureusement beaucoup plus de risques d'être en situation de pauvreté qu'un enfant qui vit en métropole », déclare Adeline Hazan, de l'UNICEF France, partagant ce constat alarmant.

Pour rappel, la situation des enfants à Mayotte et en Guyane a été l'un des sujets majeurs de l'audition de la France devant le Comité des droits de l’enfant à Genève en mai 2023.

En Guyane, la population a doublé en dix ans, tandis qu'à Mayotte, plus de 60 % des habitants ont moins de 21 ans. Cette croissance démographique rapide, couplée à des moyens insuffisants, engendre de nombreuses difficultés. « À partir de là, tout s'enchaîne, il n'y a pas assez d'écoles, il y a pas de restauration scolaire. Or, il s'agit d'enfants en grande situation de pauvreté. Le déjeuner à la cantine est leur seul repas [de la journée] », explique la présidente de l'UNICEF France.

« La situation est tellement complexe qu’il faut vraiment une collaboration de tous les niveaux, c'est-à-dire l'État, les collectivités territoriales et le secteur associatif qui joue un grand rôle. Mais une des difficultés de l'action publique dans les territoires d'outre-mer est que les compétences varient d'un territoire à l'autre et ne sont pas les mêmes qu’en métropole », explique la représentante de l’agence onusienne en France.  


Lire aussi

Mayotte, “une île où les défis de la protection de l’enfance sont immenses”
La présidente et vice-présidente de la délégation aux droits des enfants de l’Assemblée nationale ont effectué, en juillet, une mission d’observation à Mayotte. Les constats sur la situation des enfants dans le 101ème département français sont très préoccupants.
À Mayotte, 5 300 à 9 500 enfants ne vont pas ou plus à l’école
Mayotte est confrontée au défi colossal de la scolarisation des enfants. A la demande de la CNAPE, les Apprentis d’Auteuil et Mlezi Maore-groupe SOS, une étude de l’Université de Paris Nanterre apporte une estimation plus précise du nombre d’enfants concernés.