Alors que la protection de l'enfance est plutôt absente des programmes des groupements politiques candidats aux élections législatives des 30 juin et 07 juillet prochains, Claude Roméo, directeur départemental honoraire Enfance et Famille de la Seine-Saint-Denis, ancien conseiller technique auprès des ministres de l’Enfance formule 11 propositions à mettre en œuvre.
« Il n’est pas habituel d’exprimer publiquement son vote dans le milieu professionnel. Aujourd’hui, nous sommes dans un risque grave pour la protection de l’enfance avec l’arrivée possible d’un gouvernement d’extrême-droite issu du Rassemblement national. C’est devant ce danger pour les 340 000 enfants pris en charge par la protection de l’enfance et pour les professionnels qui prennent soin d’eux que j’ai pris la décision pour la première fois d’exprimer publiquement les 11 raisons de mon vote pour le Nouveau Front populaire », écrit Claude Roméo.
1 - Développer une politique globale et ambitieuse de l'enfance
Entre autres par un Code de l’Enfance piloté par un ministre de l’Enfance.
2 - Lutter contre la pauvreté des enfants
En faire une priorité nationale pour les 300 000 enfants vivants sous le seuil de pauvreté, dont 3 000 enfants sans-abris.
3 - Favoriser et développer la prévention dans le cadre des missions de la protection de l'enfance
Le plus précocement possible, par le développement du soutien à la parentalité, les 1000 premiers jours de l’enfant coordonnées avec des équipes pluriprofessionnelles formées et spécialisées dans la prévention en lien avec les acteurs, associations, institutions locales dans chaque territoire.
4 - Investir dans la santé des enfants protégés
Une urgence nationale par la mise en place de parcours de soins coordonnés. Engager un plan de repérage, diagnostic, accompagnement adapté des enfants accueillis dans les structures de la protection de l’enfance.
Mettre en place les 20 propositions du rapport pour les Assises de la pédiatrie et la santé de l’enfant, mais aussi renforcer les liens entre la médecine de ville, le secteur public et l’hôpital, et garantir l’ouverture de lits dans les secteurs de la pédopsychiatrie et de la pédiatrie les plus exposés.
5 - Un plan exceptionnel, massif, durable de recrutement
Pour faire face aux 30 000 postes vacants en sachant que chaque année seulement 4300 sont diplômés. Cela s’intègre dans le plan Marshall du CNPE et du livre blanc du travail social qui doit engager l’Etat, les Régions aux côtés des Départements.
6 - Augmenter le nombre de centres de formation des travailleurs sociaux
Pour engager un plan d’urgence de formations initiales. La mise en place d’une bourse contre une obligation à servir 3-4 ans près le diplôme, une aide à la recherche de logements.
7 - Valoriser les professionnels de la protection de l’enfance
Par une augmentation substantielle des salaires des éducateurs et assistants sociaux. Fin de la discrimination du niveau des rémunérations entre professionnels du secteur public et ceux du secteur associatif. Amélioration des conditions de travail par la promulgation de normes d’encadrement.
8 - Instaurer une loi de programmation pluriannuelle
Qui prenne en compte la scolarité obligatoire des enfants, particulièrement les enfants confiés à l’ASE, et les enfants à double vulnérabilité, une meilleure prise en compte de la justice des mineurs par une augmentation des magistrats. L’amélioration du statut des administrateurs ad hoc, la présence systématique d’un avocat en assistance éducative.
9 - Préserver les droits de l'enfant pour les mineurs non accompagnés
Par l’abrogation de la loi Immigration et du Pacte européen sur la migration et l’asile. Interdiction du recours à l’âge osseux de minorité. Aide de l’État aux Départements accueillant des MNA. Maintien de l’évaluation de minorité par les conseils départementaux.
10 - Sortie de la protection de l'enfance à 25 ans
Pour les jeunes majeurs poursuivant des études ou un projet professionnel.
11 - Non à la recentralisation de l'ASE à l’État
Les Départements depuis les lois de décentralisation ont assuré seuls les missions de la protection de l’enfance malgré l’absence d’implication de l’État. Aujourd’hui, il doit assumer sa fonction de garant de la mise en œuvre des lois de protection de l’enfance. Il y a lieu de mettre en place en un interlocuteur unique de l’État au niveau du corps préfectoral comme le recommandait la Cour des comptes.