L'articulation entre vie familiale et professionnelle repose fortement sur les mères
En 2021, dans 42 % des couples avec enfant(s) de moins de 6 ans, les mères se rendent davantage disponibles au détriment de leur carrière professionnelle, souligne une étude de la Drees, parue le 5 mars.
Les mères sont beaucoup « plus fréquemment sans emploi ou à temps partiel que les pères pour des raisons liées aux enfants », relève la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), à partir de l'enquête Mode de garde et accueil du jeune enfant 2021, qui étudie des familles ayant au moins un enfant de moins de 6 ans.
Dans la moitié des familles étudiées, hommes et femmes sont dans une situation similaire vis-à-vis de l'emploi (emploi à temps complet, partiel, chômage, inactif). 46% sont à temps complet. Quand un parent est plus « éloigné » de l'emploi que l'autre, il s'agit de la mère dans 5 cas sur 6 : 42% des mères et 8% des pères.
« Sur une échelle allant de l’inactivité à l’emploi à temps complet, lorsqu’un des deux parents est plus éloigné de l’emploi que l’autre, il s’agit en effet de la mère dans l’immense majorité des cas », précise l'étude. Les mères sont généralement « sans emploi » (21 % de l'ensemble des couples), ou à temps partiel (17 %), alors que le père est, lui, en emploi à temps complet. Les raisons ? « Compte tenu des inégalités de salaire entre femmes et hommes, il est souvent financièrement moins pénalisant de se passer du salaire de la mère que de celui du père ». « D'autre part, les représentations sociales créent des attentes plus fortes vis-à-vis des mères quant à leur implication dans les charges familiales », souligne l'étude.
« Quand les parents ne trouvent pas de solution d’accueil, ce sont surtout les mères qui se chargent d’une garde parentale non choisie ».
Les situations ne sont pas les mêmes selon la catégorie sociale : les couples avec une mère sans emploi et un père à temps complet sont trois fois plus nombreux quand la mère est employée ou ouvrière (27 %) que lorsqu’elle est cadre ou de profession intellectuelle supérieure (9 %). Les mères employées ou ouvrières sont moins souvent à temps complet (44%) et plus souvent sans emploi (62 %) que les mères cadres ou exerçant des professions intellectuelles supérieures (74%), révèle l'étude. La Drees l'explique par de plus faibles rémunérations et des conditions d'emploi plus contraignantes (ne pas pouvoir travailler à domicile ou modifier ses horaires en cas d'imprévus, avoir des horaires irréguliers de semaine en semaine…).
Les mères ayant déjà été en emploi sont beaucoup plus nombreuses que les pères à être sans emploi ou à temps partiel pour une raison en lien avec les enfants (31 % contre 5 %). Dans 18 % des couples avec un enfant de moins de 3 ans, les parents gardent eux-mêmes leur enfant le plus jeune alors que leur premier choix était une solution d’accueil extérieure. Ce problème de garde des enfants est « un frein majeur » au retour vers l'emploi d'un certain nombre de femmes. Cette garde parentale « subie » est principalement assurée par les mères : elles passent en moyenne 22 heures seules avec leur enfant de 8 h à 19 h du lundi au vendredi, contre moins de 5 heures pour les pères. Quand la garde parentale est non choisie, ce sont principalement les mères qui sont plus éloignées de l’emploi. « Deux phénomènes peuvent expliquer cela : certaines mères étaient déjà sans emploi et ont pu se voir refuser une place en crèche pour cette raison, ce qui a pu freiner leur projet de retour à l’emploi ; d’autres se sont mises en retrait de l’emploi faute de mode d’accueil extérieur », explique l’étude.