Parmi les victimes de traite des êtres humains en France, des jeunes filles confiées à l'aide sociale à l'enfance (ASE) et des mineurs non accompagnés (MNA).
Ce 30 juillet, à l’occasion de la 10ème Journée mondiale contre la traite des personnes, l’ONU appelle à accélérer les actions visant à mettre un terme à la traite des enfants : « ceux-ci sont deux fois plus susceptibles que les adultes d'être victimes de violences au cours de la traite », rappelle la Miprof (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains).
En forte augmentation, y compris en France, la traite des êtres humains peut prendre diverses formes : exploitation sexuelle ou par le travail, contrainte à commettre des délits mais aussi mendicité forcée. « En France, 409 mineurs victimes de traite des êtres humains ont été accompagnés par des associations en 2023. Les victimes mineures étaient principalement concernées par la traite à des fins d’exploitation sexuelle, de contrainte à la commission de délits et de mendicité forcée », rappelle l'association Koutcha. Et d'ajouter : « Un grand nombre de mineurs victimes échappent encore au repérage des acteurs et ne bénéficient donc pas d’un accompagnement adapté ».
« Les enfants et les adolescents, qu’ils soient français ou étrangers, mineurs non accompagnés ou jeunes majeurs protégés, font directement partie des personnes dont la vulnérabilité peut être ciblée par des réseaux criminels ou par l’entourage familial ou amical à des fins d’exploitation et/ou de traite », rappelle le 3e plan national de lutte contre l’exploitation et la traite des êtres humains 2023-2027.
Quelques chiffres inquiétants
En 2022, près de 3000 victimes de traite des êtres humains ont été accompagnées par 72 associations, dont 16% sont mineures, soit 500 enfants exploités. (+97 % par rapport à l'année précédente), selon la septième édition de l’enquête annuelle sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations en France. Les mineurs victimes ont majoritairement entre 15 et 17 ans (41%). Toutefois, dans 47% des cas, les associations n’ont pas pu estimer précisément l’âge de ces mineurs.
Deux profils types de mineurs victimes de traite
Parmi ces victimes, des jeunes filles confiées à l'aide sociale à l'enfance (ASE) et des mineurs non accompagnés (MNA).
Deux tiers (66%) sont des filles, principalement d’origine française, davantage victimes d’exploitation sexuelle. Et les 34% restants sont des garçons, de nationalités étrangères (Afrique ou Europe de l’Est), majoritairement victimes de la contrainte à commettre des délits. Parmi ces mineurs suivis par les associations, 36% étaient potentiellement des mineurs non accompagnés.
Les victimes d’exploitation sexuelle sont davantage des filles de nationalité française, ayant très souvent été prises en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), avec un contexte familial difficile et des situations de fugue et d’errance répétées. « Leur plus forte mobilité à des fins d’exploitation sur le territoire national peut rendre leur accompagnement difficile », souligne l'étude.
Les victimes de contrainte à commettre des délits sont davantage des garçons, MNA, vivant à la rue, parfois en situation de transit en France avant de rejoindre le Royaume-Uni, non pris en charge par l’ASE et dans une situation d’addiction très préoccupante. Ces jeunes sont particulièrement vulnérables face aux exploiteurs.
Autre chiffre concernant l'exploitation sexuelle des mineures : 59% des victimes de proxénétisme de proximité sont mineures, selon la lettre thématique de l’Observatoire national des violences faites aux femmes consacré à la prostitution en France, publié en mai dernier.
Les données relatives aux phénomènes d’exploitation et de traite des êtres humains pour l’année 2023 seront présentées par la Miprof, le 18 octobre, à l'occasion de la journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains.