À partir du 1er octobre, la Meurthe-et-Moselle va expérimenter un « revenu d'émancipation jeunes » de 500 euros pour des jeunes de 16 à 25 ans ayant « peu ou pas de revenus ». Ce dispositif s'inscrit dans une démarche similaire à celles déjà engagées dans la Métropole de Lyon et en Loire-Atlantique.

Ce « revenu d'émancipation jeunes » de 500 € vise à favoriser l'autonomie des jeunes de 16 à 25 ans n'étant pas éligibles à d'autres aides - comme celle du Crous pour les étudiants - et « ne bénéficiant pas ou peu d’un soutien familial ».

L’assemblée départementale a approuvé une expérimentation sur trois ans de cette aide financière accessible aux jeunes ayant peu ou pas de revenus et n’étant pas éligibles aux autres aides. Son règlement a été voté, le 25 septembre à la majorité, sans les voix de l’Union du centre et de la droite, qui ont voté contre.

 300 jeunes éligibles

« Ce n’est pas un RSA jeunes, ni un revenu de base », précise Chaynesse Khirouni, présidente PS du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. « Ce revenu doit permettre de toucher les jeunes exclus ou en marge des dispositifs existants », ajoute Lionel Adam, conseiller départemental en charge du dossier.

Les critères d’éligibilité au « revenu d'émancipation jeunes » sont les suivants :

- être âgé de 16 à 24 ans révolu ;
- résider en Meurthe-et-Moselle ;
- être de nationalité française ou étranger en situation régulière ;
- avoir pas ou peu de ressources financières.

Dans un premier temps, cette mesure devrait concerner un public cible d'environ 300 jeunes, principalement des personnes en « rupture familiale, en situation d’errance ou en période de transition ». Le département s'appuiera sur des partenaires comme les associations, la mission locale et la Caisse d'allocations familiales (Caf) pour trouver le public éligible.

« L’attribution de ce revenu ne sera pas soumise à la signature d’un contrat »

Le « revenu d'émancipation jeunes » de 500 euros par mois sera versé en deux périodes de 6 mois maximum. Le renouvellement de la seconde période sera conditionné par une évaluation du parcours du jeune et au regard « de la réalisation d’action formalisée conjointement avec l’accompagnateur ».

L'aide financière s'accompagne d'un suivi, « clé de voûte du dispositif, qui lui donne sa raison d'être », souligne Lionel Adam. Une charte sera signée entre le département et le jeune. « L’attribution de ce revenu ne sera pas soumise à la signature d’un contrat », précise le conseil départemental.

Chaynesse Khirouni, présidente du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. ©CD de Meurthe-et-Moselle

L'accompagnement, sera « progressif » et organisé sur un premier semestre pour « rencontrer les jeunes, créer un lien de confiance » et penser un projet. Les six mois suivants devront voir la « mobilisation concrète » du bénéficiaire.

En Meurthe-et-Moselle, « le taux de pauvreté des jeunes de moins de 30 ans est de plus de 26 % et 14 % des jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation », indique Lionel Adam. De son côté, Anne Lassus (Union de la droite et du centre) appelle à « faire attention à ne pas tarir la source » d’argent, « un bien rare », quand les finances du Département sont « au plus mal », raison pour laquelle le groupe a voté contre.

Pour le démarrage, 1 million d'euros est alloué au projet de « revenu d'émancipation jeunes ». « Il s'agit d'une action tremplin qui fera l'objet d'une évaluation », indique Chaynesse Khirouni. La Meurthe-et-Moselle espère obtenir un soutien financier de l'État, via notamment le Fonds de solidarité.

En 2018, une proposition de loi visant à expérimenter un « revenu de base » pour les jeunes de 18 à 25 ans, portée par 18 départements de gauche dont la Meurthe-et-Moselle, avait été rejetée par le gouvernement au profit da la mise en place du contrat d'engagement jeunes (CEJ).


D'autres collectivités, comme l'agglomération de Lyon et le département de la Loire-Atlantique, expérimentent des dispositifs semblables. Le Revenu solidarité jeunes (RSJ), déployé en juin 2021, par la Métropole de Lyon a déjà bénéficié à près de 2000 jeunes de 18 à 24 ans en situation précaire. « Contrairement aux idées reçues, ces jeunes ne s'installent pas dans ces dispositifs. Bien qu’ils puissent être accompagnés pendant 24 mois, ils y restent en moyenne 8 mois seulement, souvent après avoir trouvé un emploi, une formation adaptée ou accédé à un dispositif national », indique, le 27 septembre, Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon, sur LinkedIn. La Loire-Atlantique expérimente, depuis juillet 2022, le Revenu jeunes, une aide pour les 18-25 ans sans ressources, ni soutien familial. Entre juillet 2022 et juin 2023, 418 jeunes de Loire-Atlantique ont été aidés, dont 90 % avaient un niveau de qualification égal ou inférieur au bac.

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