Chaque année, Sidaction et OpinionWay interrogent les 15-24 ans sur leur connaissance du VIH/Sida et leurs pratiques à risque. Les résultats de l'enquête 2025 « Les idées reçues des jeunes sur le sida » sont jugés « alarmants » par l'association.
Si trois jeunes sur quatre se déclarent bien informés sur le VIH (76 %, un chiffre en baisse néanmoins de trois points), les idées reçues et fausses informations n’ont jamais été aussi répandues.
L'enquête constate une diminution alarmante des connaissances sur le VIH, alors même que les infections augmentent chez les jeunes.
- 40 % des jeunes pensent qu’il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus du sida (soit +3 pts par rapport à 2023)
- 39 % pensent que l’on guérit du sida (+3 pts)
- 78 % croient qu’une personne séropositive sous traitement peut transmettre le virus lors d’un rapport sexuel non protégé
- 42 % des jeunes pensent que le VIH peut se transmettre par un baiser (+12 points)
- 31 % en buvant dans le verre d’une personne séropositive (+6 points)
« Ces chiffres traduisent un recul inquiétant des connaissances sur le VIH et ses modes de transmissions. Avec toutes ces fausses croyances, les jeunes sont exposés à une plus grande prise de risque au début de leur vie sexuelle » alerte Florence Thune, directrice générale de Sidaction.
Cette méconnaissance du sujet entraine une baisse de la protection. Selon l'enquête, 33 % des jeunes interrogés n’utilisent pas systématiquement de préservatif avec un partenaire non régulier, malgré la gratuité des préservatifs en pharmacie pour les moins de 26 ans. « Le préservatif reste le seul dispositif efficace et immédiat pour se protéger du VIH et des infections sexuellement transmissibles. Pourtant, trop de personnes sous-estiment les risques qu’ils prennent en négligeant l’usage d’une protection. Il est donc primordial de rappeler sans relâche l’importance et le rôle du préservatif, surtout auprès de la jeunesse. D’autant que depuis janvier 2023, les préservatifs masculins et féminins, sont distribués gratuitement aux moins de 26 ans en pharmacie. Un dispositif encore trop méconnu des jeunes », rappelle Alexandra Guérin, responsable qualité et règlementation de Terpan, PME française spécialisée en santé sexuelle et réduction des risques.
Autre constat : bien que le dépistage du VIH progresse, il reste insuffisant : seuls 36 % des jeunes sexuellement actifs ont effectué un test au cours de l'année, malgré une légère augmentation de 4 points par rapport à 2023. « Sept jeunes sur dix considèrent comme peu probable, voire complètement improbable, de contracter un jour le virus. C’est cette perception erronée qui entraîne une banalisation du risque. La confiance que les jeunes déclarent avoir envers leur nouveau partenaire sexuel comme une raison pour ne pas se faire dépister ne peut pas et ne doit pas être un gage de protection », explique Florence Thune. La prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) est également insuffisante chez les jeunes, car le préservatif et le dépistage ne sont pas utilisés de manière systématique. Ainsi, 40 % des jeunes pensent que les IST sont en baisse dans leur tranche d’âge, alors qu’elles connaissent en réalité une forte augmentation. 38 % d'entre eux estiment que seules les personnes ayant une sexualité intense sont concernées par les IST ; Moins d’un jeune sur trois (29 %) a réalisé un test de dépistage des IST au cours de l’année écoulée.
Pour contrer ces tendances inquiétantes, Sidaction préconise un renforcement de la prévention et du dépistage auprès des jeunes, ainsi que le déploiement du programme « Éduquer à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) » tout au long de leur scolarité, « dès la prochaine rentrée ».
« Dans ce contexte, l’éducation à la sexualité est plus que jamais une priorité. Pourtant, seuls 20 % des collégiens bénéficient des trois séances annuelles obligatoires prévues par la loi. D’où l’importance de renforcer et de faciliter l’accès à une information fiable et complète pour lutter contre les idées reçues et promouvoir les bons réflexes de protection », souligne Alexandra Guérin.
Après des années d'attente, le programme EVARS a été publié au Bulletin Officiel début février 2025.