Lors de la rencontre annuelle de l’association ACPE, le 8 décembre, Aziz Essadek, maître de conférences en psychologie à l’Université de Lorraine, a présenté les résultats de son étude sur le nombre et le profil des mineurs en situation de prostitution, au sein de l'aide sociale à l'enfance (ASE). Interview.

Depuis des années, associations et institutions avancent le nombre de 7 000 à 10 000 mineurs en situation de prostitution en France. Quelle est votre estimation ?

Aziz Essadek. J’ai estimé à 15 000, le nombre de mineurs victimes de prostitution en France, uniquement au sein de l’Aide sociale à l'enfance (ASE). Mon étude populationnelle, réalisée entre juillet et novembre 2020, a porté sur 1 315 dossiers de mineurs suivis par l’ASE de l'Essonne. Parmi eux, 62 jeunes ont été en situation de prostitution avérée, soit 4,7 %. La moyenne d’âge est établie à 15 ans et demi, avec des jeunes principalement compris entre 13 et 18 ans. L'étude met en évidence que les mineurs exploités sexuellement sont significativement plus exposés aux abus sexuels. Le profil type de la mineure qui se prostitue est celui d’une victime de violences sexuelles et exposés à trois voire quatre formes de maltraitances différentes. C'est, d'ailleurs, la ou le mineur, car d’après mes données, 27 % des adolescents concernés sont des garçons, ce qui représente un pourcentage important. Ces adolescents sont 12 fois plus en situation de fugue et ont 2,5 fois plus de risque de se retrouver déscolarisés. Ils sont en outre plus exposés à la dépression et à l’anxiété. Ils ont 3,8 fois plus d’idées suicidaires.

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