Santé publique France a comparé les hospitalisations pour tentative de suicide (HTS) en 2020 et durant la première partie de l’année 2021 par rapport aux années précédentes. L'étude observe une augmentation progressive de ces taux chez les jeunes.
« La pandémie, par la durée et l’importance des mesures de restrictions sociales et des contraintes qu’elle a entraînées, peut avoir eu un impact sur la santé mentale, et notamment sur les tentatives de suicide ». Partant de ce postulat, Santé publique France (SPF) a comparé les hospitalisations pour tentative de suicide (HTS) en 2020 et durant la première partie de l’année 2021 par rapport aux années précédentes. Pour rappel, en France, en réponse à la propagation du Covid-19, deux confinements nationaux ont été mis en place en 2020 : du 17 mars au 11 mai et du 30 octobre au 14 décembre.
Premier constat : les hospitalisations pour tentative de suicide (HTS) chez les 11-24 ans sur la période 2020-2021 ont augmenté après le deuxième confinement pour atteindre un niveau significativement supérieur à la moyenne de 2017-2019, selon le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire" (BEH) du 4 juillet.
« L’incidence des tentatives de suicide est un indicateur important car il reflète une dégradation de la santé mentale n’ayant pas pour autant abouti au décès. Les évolutions de cet indicateur pendant l’épidémie ont été moins documentées que la mortalité par suicide », souligne l'étude.
Un mal-être persistant chez les enfants et les jeunes adultes
« Après la période du premier confinement, les taux d’HTS continuent à être inférieurs à ceux des années précédentes pour les Français entre 35 et 85 ans. En revanche, on observe une augmentation progressive de ces taux chez les jeunes gens de 10 à 24 ans. Cette observation est plus nette chez les jeunes femmes. Une telle augmentation des comportements suicidaires consultants à l’hôpital a été observée à partir de l’été 2020 chez les adolescents dans d’autres études faites en France ».
Chez les 10-19 ans, les taux d'HTS pendant le premier confinement ont beaucoup fléchi, mais ils augmentent et dépassent significativement les niveaux de 2017-2019 dès la période du deuxième confinement (octobre à décembre 2020) pour les filles de 10 à 14 ans (avec un rapport de 1,18) et restent à un niveau élevé après (la période de l'étude allant jusqu’au 21 mai 2021). Pour les autres adolescents et jeunes adultes, ces taux augmentent début 2021 après le deuxième confinement, par rapport à 2017-2019 (avec un rapport de 1,24 pour les filles et de 1,12 pour les garçons).
Les résultats vont « dans le sens de l’existence d’un mal-être persistant chez les enfants et les jeunes adultes ». Ainsi, presque 12 mois après l’irruption de la pandémie de Covid-19, les résultats de la deuxième vague de l’enquête Epicov ont mesuré que près d’un quart des jeunes filles de 15 à 24 ans présentait des symptômes dépressifs. « Ces résultats suggèrent que les effets négatifs de la Covid-19 pourraient avoir agi sur une situation fragilisée préexistante pour cette catégorie de population », avance SPF.
Ainsi, les mesures de restriction sociale ont « possiblement induit une sensation d’isolement préjudiciable pour la santé mentale des plus jeunes, groupe d’âge particulièrement exposé aux troubles psychopathologiques, à une étape charnière du développement de leur identité ».
« Ces résultats alertent sur une atteinte du bien-être psychique et émotionnel des jeunes lors de la crise qui ne semble pas diminuer à moyen terme », avertissent les auteurs de l'étude.