Margot Delon, sociologue et chargée de recherche au CNRS, est auteure de l'ouvrage "Enfants des bidonvilles - Une autre histoire des inégalités urbaines" (Éditions La Dispute). Son étude du devenir des enfants des bidonvilles et cités de transit de l'après-guerre en France questionne les politiques publiques menées en direction de ces populations précaires.
Pourquoi avoir étudié les conditions de vie des enfants des bidonvilles il y a 50-60 ans plutôt que de faire une recherche sur leur situation aujourd'hui ?
M.D. Ces 50 à 60 années écoulées donnent une certaine profondeur temporelle et permettent de bien travailler la question des effets d'une expérience sur le long terme. Les bidonvilles aujourd'hui sont parfois médiatisés mais au moment de l'expulsion, de la destruction. On ignore ce que deviennent les familles et les enfants après l'expulsion. Dans le cas des bidonvilles des années 60 en France, j'étais en mesure d'avoir plusieurs décennies de recul et ainsi de voir vraiment les incidences à moyen et à long terme d'avoir passé une partie significative de sa vie pendant l'enfance dans les bidonvilles et les cités de transit.
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