Parmi les 330 000 personnes sans abri aujourd'hui en France, 40 % sont des femmes seules ou bien souvent avec enfants. Chaque soir, environ 3 000 femmes et près de 3 000 enfants sans abri passent la nuit dans la rue.
« Accompagner les femmes sans domicile suppose également de prendre en charge leurs enfants, qui sont exposés à des conditions de vie précaires avec d’importantes répercussions sur leur santé physique et mentale, leur développement, leur scolarité », souligne le rapport de la mission d'information "Femmes sans-abri, la face cachée de la rue", menée sur les dix derniers mois par la délégation aux droits des femmes du Sénat.
La délégation a entendu « plus d’une cinquantaine de personnes au cours d’auditions au Sénat : représentants de l’État, acteurs associatifs, collectivités territoriales, sociologues, travailleurs sociaux ou encore professionnels de santé » et a effectué des « visites de terrain à Paris, en Seine-Saint-Denis et à Marseille », entre décembre 2023 et septembre 2024.
Lors de son audition, l'UNICEF France avait mis en avant l'importance de la mobilisation des communes et des intercommunalités pour assurer un accompagnement adapté aux enfants sans domicile. « 300 villes amies des enfants se sont engagées à tenir des objectifs en matière de défense des droits et de protection des enfants. […] Elles ne doivent pas remplacer l’État, mais chacun doit assumer ses responsabilités.[…] Elles disposent de compétences en matière d’accueil de la petite enfance. […] Elles ont aussi des responsabilités en matière d’éducation, de tarification scolaire, d’accès aux soins et de mobilité. Ces compétences […] peuvent améliorer la vie quotidienne des familles et des enfants sans domicile ». L'association plaide pour que toutes les politiques publiques concernant les enfants (1000 premiers jours, politiques de santé, de l'éducation et celle de la protection de l'enfance) accordent une attention spécifique au public vulnérable des enfants sans domicile.
Le Pacte des solidarités 2024-2027 – qui prend le relais de la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté 2019-2023 - prévoit la création d’un « observatoire de la non-scolarisation » et le renforcement de la médiation scolaire pour l’accompagnement social des enfants sans domicile ».
La délégation formule 22 recommandations, parmi lesquelles :
- Reconnaître les enfants sans domicile comme « bénéficiaires directs » de l’accompagnement psychosocial global destiné à leurs parents.
- Renforcer les moyens dédiés aux dispositifs de médiation scolaire, afin de permettre à tous les enfants de s'inscrire à l'école, sans justificatif de domicile.
Actuellement, un réseau de 40 médiateurs scolaires accompagne annuellement environ 4 000 élèves. Le dispositif est réservé aux enfants intraeuropéens. Le précédent gouvernement avait promis de tripler les postes pour la rentrée 2024-2025, mais ce projet n'a pas vu le jour suite à la dissolution de l'Assemblée nationale.
La mission d'information du Sénat réclame également la création de 10 000 places d’hébergements supplémentaires « afin d’assurer une mise à l’abri immédiate et une prise en charge minimale d’un mois pour les femmes et les familles » et l’amélioration de la qualité des 313 000 places existantes.