Selon un rapport publié le 2 septembre par le ministère de l'Intérieur, 118 femmes et 27 hommes ont été tués par leur conjoint ou leur ex-conjoint l'année dernière. Douze enfants mineurs sont décédés, victimes d'infanticides, soit le même nombre qu’en 2021.
Selon le "bilan des morts violentes au sein du couple " publié le 2 septembre par le ministère de l’Intérieur, 118 femmes ont été tuées en 2022 en France par leur conjoint ou leur ex-conjoint, soit quatre de moins par rapport à 2021.
Sur les 118 féminicides recensés en 2022, 37 femmes avaient déjà subi des violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint avant leur décès. Elles étaient 24 à avoir signalé les faits aux forces de l’ordre et 16 d’entre elles avaient déposé plainte.
Un féminicide tous les trois jours
« Certaines femmes tuées avaient déjà signalé des faits de violence : il y a eu des failles dans la réponse judiciaire, pas assez de mesures de protection ou de suivi, beaucoup trop de plaintes sont classées sans suite. Les sanctions sont insuffisantes au regard des violences subies », a déploré Françoise Brié, présidente de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), association qui gère le numéro d’appel 39.19.
En moyenne, un décès est enregistré tous les deux jours ½, chiffre stable par rapport à 2021.
Selon cette étude, 145 morts violentes au sein du couple ont été recensées en 2022, les décès de 118 femmes et 27 hommes (+6 par rapport à 2021), soit quasiment le même total que l’année précédente (143). « Lorsque nous prenons connaissance des derniers chiffres sur les morts violentes au sein d'un couple, nous ne pouvons qu'en souligner la gravité. Nous soulignons une légère baisse car chaque vie compte. Toutefois, l'engagement au sein du Gouvernement reste entier pour lutter contre les violences conjugales », a réagi Bérangère Couillard, la ministre chargée de l'Égalité Femmes-Hommes , dans un communiqué.
Le bilan établit que 366 tentatives d’homicides au sein du couple ont été recensées sur un total de 3486 tentatives d’homicides. Elles représentent 10 % du total des tentatives d’homicides. 64 départements et collectivités d’outre-mer sur 107 (60 %) enregistrent au moins un décès. Les départements qui enregistrent le plus de faits sont le Nord (7 victimes féminines et 2 masculines), les Alpes-Maritimes et le Rhône (5 victimes féminines chacun), puis la Seine Saint Denis (4 victimes féminines et 1 masculine). Pour les DROM/COM, ce sont la Guyane, la Réunion (2 victimes féminines et 1 masculine chacun) et la Nouvelle-Calédonie (3 victimes féminines).
Le profil type de l'auteur n'a pas changé
Le ministère de l'Intérieur note par ailleurs une forte hausse des tentatives d'homicides au sein du couple (+45 %), avec 366 faits (dont 267 victimes féminines) enregistrés en 2022 contre 251 en 2021. « Le profil type de l'auteur n'a pas changé. Il est majoritairement masculin (84 %), le plus souvent en couple, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans et n'exerçant pas ou plus d'activité professionnelle », résume l'étude. Les femmes victimes (81 %) sont le plus souvent de nationalité française, âgées de 30 à 49 ans et sans emploi.
La dispute (26 %) et le refus de la séparation (23 %) demeurent les principaux mobiles du passage à l'acte. Les faits sont en majorité commis au domicile du couple, de la victime ou de l'auteur (87%), sans préméditation, principalement avec une arme blanche (43%) ou une arme à feu (20%).
129 enfants sont devenus orphelins de père, ou de mère, ou des deux parents consécutivement à 57 affaires de morts violentes au sein du couple.
« Les enfants sont les premiers concernés et impactés par les homicides au sein du couple, en étant victimes eux-mêmes, ou témoins, ou orphelins de l’un ou des deux parents à l’issue du passage à l’acte », souligne l’étude.
Comme en 2021, 12 enfants mineurs sont décédés dans la sphère familiale, victimes d'infanticides, selon le rapport du ministère de l'Intérieur. Et 8 mineurs ont été tués concomitamment à l’homicide de l’un de ses parents. Dans 4 affaires, 4 enfants ont été tués dans le cadre d’un conflit de couple sans qu’aucun membre du couple ne soit victime. Les mères et les beaux-pères sont auteurs dans les mêmes proportions. Une mère s’est suicidée.
129 enfants sont devenus orphelins de père, ou de mère, ou des deux parents consécutivement à 57 affaires de morts violentes au sein du couple.
La présence des enfants à proximité de la scène de crime n’empêche pas le passage à l’acte (18 % des cas). Dans 15 affaires, les homicides sont commis devant 22 enfants mineurs. On dénombre 29 enfants présents sur les lieux, même s’ils n’ont pas été témoins des faits (15 affaires). Dans 11 affaires, c’est l’un des enfants qui a donné l’alerte ou fait prévenir les secours.
« Les chiffres stables montrent que les efforts ne sont pas suffisants pour prévenir les violences et protéger les femmes victimes. Il faut en faire une priorité, comme ce fut le cas en 2020 », a déclaré à l’AFP Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes.