Mois après mois, le secteur de la protection de l’enfance multiplie les cris d’alarme sur l’ampleur de la crise. « L’heure est grave, engageons-nous pour une réforme profonde de l’accueil des 0-3 ans dans l’aide sociale à l’enfance », plaide le GEPSo, groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux.

En France, on recense une centaine de pouponnières à caractère social, majoritairement de statut public (plus de 2000 places au total). Ces établissements hébergent jour et nuit - à titre transitoire - des enfants de 0 à 3 ans confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE). De tous les publics de la protection de l’enfance, ce sont très certainement les plus vulnérables.

« J’ai visité une pouponnière dans le département du Puy-de-Dôme » qui « fait face à un sureffectif chronique depuis quatre ans avec soixante-quatre bébés accueillis pour quarante places effectives », alertait, fin mai, la député socialiste Isabelle Santiago (réélue au premier tour des législatives) dans une lettre adressée à la ministre chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles (lire notre article). « Je vous demande la mise en place immédiate d’un plan pouponnière », réclamait l’élue du Val-de-Marne, en qualité alors de rapporteure de la commission d’enquête parlementaire sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance. Une requête entendue par Sarah El Haïry qui acte le lancement d’un chantier de réflexion sur la situation des pouponnières. Autour de la table, le GEPSo et la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS).

Pour y voir plus clair, une enquête nationale « sur l'état des lieux et les axes d'amélioration des pouponnières » - financée par la DGCS - vient d’être lancée en ce mois de juillet. Les remontées des établissements seront étudiées dès septembre (lire interview de Jeanne Cornaille, déléguée nationale du GEPSo). « Taille, fonctionnement, taux d’encadrement, projet pédagogique, parcours des enfants accueillis, etc. Ces données sont essentielles pour alimenter les travaux en cours, objectiver la situation nationale et avoir une vue « 360 » sur le fonctionnement des structures », explique le GEPSo. Côté secteur associatif, la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne (Fehap) - qui compte 7 pouponnières adhérentes - contribuera aussi à l'enquête.

Dès à présent, une enquête flash menée en juin sur un échantillon de 23 pouponnières adhérentes du GEPSo apporte de premiers éléments. Sans grande surprise, les données et témoignages des professionnels recueillis confirment « une situation alarmante ». Chronique d’un désastre annoncé… Sur les 23 pouponnières interrogées (d'une capacité de 30 places en moyenne), 17 déclarent avoir été en sureffectif à 100% en 2023. Les pouponnières saturent. L'enquête établit un taux de sureffectif en moyenne de 104% sur les 23 établissements participants.

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